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La glose numérique au service de la compréhension en lecture

Dernière mise à jour le 28 juin 2018

Yves Renaud est chargé d'enseignement à la Haute école pédagogique du canton de Vaud.

La pédagogie et la didactique doivent-elles s’alarmer de la profusion des liens hypertextes des pages immatérielles de nos écrans? D’aucuns accusent cette abondance d’entraver le développement de la pensée profonde. Et s’il fallait plutôt célébrer le renouveau de l’hypertextualité, héritière de la tradition médiévale de la glose, renouveau suscité par l’univers numérique? L’école sait bien que le succès de la compréhension en lecture dépend en grande partie de la capacité à générer des inférences. Ne pourrait-elle avoir recours aux hyperliens comme moyen de guider les élèves et de développer chez eux cette compétence? Elle pourrait même détourner l’usage courant de l’hypertexte numérique pour travailler les notions de dénotation et de connotation, favorisant ainsi une meilleure compréhension autant qu’une meilleure interprétation des textes.

Détourner l'usage courant de l'hypertexte numérique pour une meilleure compréhension du texte: quels résultats?

C’est ce que j’ai tenté d’expérimenter avec les élèves d’une classe d’École de commerce, et c’est le dispositif mis en place à cet effet, ainsi que les conclusions qu’on peut en tirer dont je vais rendre compte dans cette communication. Dans le cadre d’une séquence d’enseignement sur les migrants, thème étudié conjointement en français et en géographie, lecture a été faite de La Préférence nationale, recueil de nouvelles écrit par Fatou Diome et paru en 2001. Lors de l’analyse d’un extrait de cette œuvre, extrait présenté sur écran, les élèves ont été invités à rajouter eux-mêmes les hyperliens des lignes qu’ils avaient à commenter, rendant visibles les inférences les plus générales comme les plus personnelles que la lecture du texte générait en eux. Ils ont été appelés à mobiliser les savoirs théoriques acquis au cours de géographie comme les connaissances acquises par l’exercice de l’analyse d’autres passages. Ils ont exposé les résultats de leur recherche dans une présentation faite à l’aide d’un logiciel de créations de diaporamas qu’ils ont dû apprendre à maîtriser pour l’occasion. La boucle de rétroaction a consisté à demander aux élèves de faire une semblable opération sur un extrait d’une autre œuvre littéraire. Le recours à l’hyperlien qui sature les textes numériques se révèle ainsi autre chose qu’une «arme de distraction massive»: l’opportunité d’une lecture avertie et créative intégrant les MITIC à l’enseignement du français, et l’enseignement du français aux MITIC.

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