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PIRACEF: un DAS qui s’offre de nouvelles forces vives

Dernière mise à jour le 4 avril 2016

Dans le canton de Vaud, les titulaires d’une formation professionnelle, via une admission sur dossier, pourront désormais suivre la formation conduisant à l’enseignement des activités créatrices ou de l’économie familiale. Cette formation, en principe d’une durée de trois ans à temps partiel, est suivie en emploi. Le point avec Denis Leuba, responsable de l’UER Art et technologie et président du comité du programme PIRACEF.

Denis Leuba, avant de mieux comprendre l’importance de la décision prise par le Département vaudois de la formation, de la jeunesse et de la culture, revenons quelques instants sur ce programme intercantonal romand de formation des enseignants en activités créatrices et en économie familiale (PIRACEF).
En 2008, le Conseil Académique des Hautes Écoles Romandes de la formation (CAHR) signe une première collaboration institutionnelle romande dans le cadre de la formation des enseignants. Le programme PIRACEF démarre en 2009 et à ce jour on dénombre près de 120 personnes diplômées. Destinée aux maîtres généralistes souhaitant acquérir plus de compétences en activités créatrices, en économie familiale ou en éducation nutritionnelle, la formation conduit à un DAS en 40 crédits. 

Les candidats ne se bousculent pas au portillon. En revanche, nombre de professionnels recrutés par les écoles en raison du manque d’intérêt des généralistes pour ces disciplines inscrites dans le programme obligatoire, témoignent de leur motivation à suivre la formation.

Contrairement à la position vaudoise restreignant jusqu’à ce jour la formation aux enseignants munis d’un titre pédagogique, les HEP BEJUNE et Valais se voient autorisées par leurs autorités de tutelle respectives d’accueillir les candidats sans ancrage académique dans le programme PIRACEF. Ces derniers suivent donc de facto une formation postgrade dans le domaine de l’enseignement.

Une posture qu’on pourrait juger paradoxale, voire à deux vitesses?
Oui. Elle l’était. En fait, pour compenser en quelque sorte le déficit de formation pédagogique des professionnels, 10 crédits s’ajoutaient pour eux à la formation PIRACEF. Aux côtés des champs disciplinaires, didactiques et systémiques, menuisières et couturiers suivaient des cours en sciences de l’éducation. Au final, ces candidats non académiques obtenaient un certificat cantonal pour l’enseignement de la discipline et pas un DAS, en raison de leur parcours non académique et parce que leur formation n’était pas reconnue par tous les cantons. Cette situation créait beaucoup de décalage, voire carrément d’inégalités, au sein d’une même population de personnes dédiées à l’enseignement, en termes de salaires, de partages de savoirs, de référentiels, de langage commun.

Avec la décision prise par le DFJC, tous les candidats confondus accèdent désormais au DAS. Sur quel constat se réalise cette mutation?
À la HEP Vaud, Cyril Petitpierre, directeur de la formation et moi-même, étions préoccupés par la situation d’inégalité qui prévalait pour deux raisons essentielles. D’une part, dans le canton de Vaud, les professionnels se voyaient privés de toute possibilité de se former tout en remplissant néanmoins leur fonction d’auxiliaire auprès des écoles dans les disciplines concernées; d’autre part, il nous paraissait anormal que 10 crédits en sciences de l’éducation suffisent à «acquérir» le statut d’enseignant. Plus généralement, devant la désaffection des généralistes pour cette formation PIRACEF, peu valorisée sur le plan salarial, et la menace d’une relève défaillante ou boiteuse, les associations professionnelles (SPV, AVEAC) se sont mobilisées. Un dialogue fructueux s’est ouvert avec le DFJC afin de permettre aux auxiliaires déjà en place tout comme à d’autres professionnels intéressés à se former sur le plan pédagogique. C’est ainsi, à l’instar d’autres cantons romands, que cette formation PIRACEF s’ouvre désormais plus largement, via une procédure d’admission sur dossier.

Donc, concrètement, qu’est-ce qui change aujourd’hui pour les candidats dans l’accès à la formation PIRACEF?
Au terme de leur parcours, qu’il soit académique ou non, tous les candidats à la formation PIRACEF obtiennent un DAS. Pour les maîtres généralistes, déjà en possession d’un bachelor en enseignement, la situation reste inchangée. Ils réalisent leur formation en 40 crédits. Pour les autres personnes, soit en possession d’un bachelor dans un domaine technique (en diététique ou en design, par exemple), soit en possession d’un titre professionnel (CFC) dans un domaine technique, tels nos couturiers et nos menuisières que je citais tout à l’heure, la formation PIRACEF est ouverte avec un préalable: l’acquisition d’un complément d’études en sciences de l’éducation correspondant à 30 crédits ECTS. Toute la formation est ainsi revalorisée. Cette décision souligne aussi l’importance attribuée à ces disciplines liées aux activités créatrices et à l’économie familiale, qui sont tout sauf de seconde zone.

Des branches qui subissent donc aussi, en même temps que la formation elle-même, une revalorisation d’image?
Il est tout à fait clair que nous sommes sortis de l’âge des travaux manuels et de l’école ménagère. L’école ne forme pas des bricoleurs ou de bonnes cuisinières! Les activités créatrices, l’économie familiale et l’éducation nutritionnelle sont des branches aujourd’hui au cœur des activités, qu’elles soient quotidiennes ou professionnelles. La création et la fabrication d’un objet en classe exigent la mobilisation d’un faisceau de réflexions autour de sa conception, de ses usages, de sa durabilité, de sa pertinence, de sa viabilité. Dans une société de consommation exacerbée, savoir décortiquer les processus liés aux injonctions alimentaires, aux régimes, à l’origine et à l’empreinte écologique des produits, à notre relation à la nourriture et à la santé, est une nécessité. Il s’agit de développer l’esprit et les instruments critiques des élèves appelés à agir en acteurs dans la démocratie et non en consommateurs béats. Par les activités créatrices et l’économie familiale, on parvient ainsi à sensibiliser les futurs citoyens sur l’importance de «prendre conscience» du sens de leurs actes, dans un monde qui gagne chaque jour en complexité.

Entretien: Barbara Fournier 

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