HEP VAUD
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Capteur de mouvements

Dernière mise à jour le 13 juillet 2018

L'oeil vif, il lâche sans gêne sa paire de Nike pour son Reflex. Maître d'éducation physique sur la Riviera, Jérôme Gertsch, 28 ans, expose pour la deuxième fois à la Haute école pédagogique du canton de Vaud (HEP Vaud). Une douzaine de ses clichés plongent dans La Gare, pièce contemporaine jouée par des profs et des étudiants.

Sur le diptyque, couleurs et noir/blanc, caché et public, concentration et mouvements. Tout y est contrastes. Mis côte à côte – ou plutôt l'un sur l'autre (voir ci-contre) –, les deux clichés claquent comme deux instantanés volés au microcosme du spectacle. On y est. L'oeil du photographe s'invite tour à tour en coulisses, puis dévoile le jeu des acteurs, fige leur gestuelle. Et ceux-ci se laissent voir, soudain, comme rendus à leur expressivité première.

Zoom arrière. En mai 2012, l'atelier de théâtre de la Haute école pédagogique du canton de Vaud monte La Gare, mise en scène par Corinne Arter. Une heure et quart de spectacle contemporain et corrosif, mêlant chorégraphie et rythmiques, s'inspirant notamment des Pas perdus, de Denise Bonal, et de textes de Xavier Durringer. Devant et derrière la scène, entre ombre et lumière, Jérôme Gertsch capte des instantanés: 800 clichés pris sur le vif. Aujourd'hui, douze tableaux exposés, dont certains composés. «J'ai voulu mettre en avant la personne qui se mue pour devenir quelqu'un d'autre», explique le photographe veveysan. En fait, l'essence même de l'art de la scène.

«Voir pour faire»

Pour qui sait observer, les mondes de Jérôme Gertsch convergent vers le mouvement. «Quand j'étais élève, je devais voir pour pouvoir faire», se souvient celui qui enseigne aujourd'hui l'éducation physique et la géographie à Blonay (VD). Alors étudiant en sciences du sport, il décompose le mouvement d'un saut de patinage pour mieux le visualiser et le reproduire. Bingo! Et comme sujet de travail de fin de master, il choisit de traiter les rôles de la photographie dans le journalisme... sportif.

Mouvements captés, mouvements enseignés: ces deux lignes de force font avancer Jérôme depuis quelques années. Côté photo, l'autodidacte enchaîne les mandats, notamment avec une grande manufacture horlogère de la Vallée de Joux. Mais il se met aussi au service de futurs mariés, «le plus stressant!» Passé maître dans l'art précis de l'observation, l'artiste avoue avoir mis le pied à l'étrier de la photo via la macro. «La flore et la faune entraînent l'oeil à être attentif. Il y a toujours une esthétique à trouver.»

Du coup, et sans surprise, l'enseignant qu'il est aussi met sur pied des camps... photos. En septembre, des élèves de 6e année monteront aux Diablerets (VD). «À l'heure de la photo à tout-va via les smartphones, j'essaie de leur donner quelques règles de base de prise de vue», explique le pédagogue. Composition d'une image, restriction du sujet choisi, réglages techniques: la semaine visera  à rendre les photographes en herbe plus autonomes. «Je rêve d'organiser une expo avec le travail des élèves», avoue le prof de géo.

«Le chic du lien à l'art contemporain»

Passeur, on le voit, l'homme prend des risques. Le photographe aime par exemple à travailler en faible profondeur de champ, en réduisant la zone de netteté de l'image pour mieux travailler le relief. La metteuse en scène Corinne Arter dit de lui qu'«il a l'oeil pour attraper des moments que je ne vois pas, tout en ayant le chic de faire le lien avec l'art contemporain».

De son côté, Jérôme Gertsch reste modeste; il exploite la technique, mais refuse de verser dans trop de perfectionnisme «au détriment du message». Soudain philosophe, il cite un de ses maîtres, Edouard Curchod, qui lui avait fait un jour remarquer qu'avec l'obturateur qui se ferme à l'instant même de la prise de vue, le photographe ne voit jamais l'image qu'il prend sur le moment. Un mystère qui donne de l'épaisseur au travail de l'artiste et colle bien à celui du théâtre contemporain, voire au geste de l'enseignant.

Samuel Ramuz

Informations pratiques

L'exposition est à découvrir dès le mercredi 27 février à la HEP Vaud dans le bâtiment de l'Avenue des Bains 21.

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