HEP VAUD
Début navigation chapitre
Fin navigation chapitre
Début contenu

"La fin du monde", un livre pluriel sur une histoire sans fin

Dernière mise à jour le 14 décembre 2012

"La fin du monde" est un livre à lire de toute urgence, d'autant que la prochaine fin du monde est pour demain, le 21 décembre! Retour sur un phénomène qui hante l'esprit humain depuis la nuit des temps mais qui aujourd'hui prend de nouvelles formes sous la pression environnementale. Entretien avec Nicole Durisch Gauthier et Philippe Hertig, professeurs à la HEP Vaud.

Illustré par un détail de la Grande Vague de Kanagawa du maître Hokusai, "La fin du monde" est le résultat augmenté d'un cours conjoint HEP-UNIL sur la catastrophe et la fin du monde, troisième cours mis sur pied par l’UER Didactiques des sciences humaines et sociales et la Faculté de théologie et de sciences des religions, après "Darwin et le créationnisme" et "Rites funéraires". Nicole Durisch Gauthier et Philippe Hertig répondent aux questions de l'Unité Communication sur cet ouvrage.

Le livre collectif que vous publiez chez Labor et Fides est, pourrait-on dire, dans l'air du temps?

Nicole Durisch Gauthier: Le temps est en effet une de nos sources de réflexion, c'est pourquoi nous avons choisi de nous pencher d'abord sur les différentes temporalités de la "catastrophe". Alors que les fléaux mythologiques nous projettent souvent au temps des origines, parfois dans un futur lointain, aujourd'hui, la catastrophe est perçue comme imminente et pèse sur les choix qu'il faudra faire demain. Pourquoi et comment? Ce sont les questions, entre autres, que pose ce livre.

Philippe Hertig: Pour comprendre ce phénomène de fin du monde, il nous a paru important de l'étudier à la lumière de plusieurs disciplines qui en offrent des lectures théologiques, scientifiques ou culturelles. Le livre, en partant du «prétexte» de 2012, cerne les différents visages de la catastrophe et met en évidence le fait qu’il s’agit d’un construit social et culturel. Il évoque les grands récits de catastrophe et les mythes de fin du monde, s’intéresse aux réponses religieuses et culturelles que suscitent les catastrophes, s’arrête sur la question de l'impact environnemental des activités humaines et sur la gestion des risques dans une ère où les enjeux environnementaux influencent fortement l'imaginaire collectif et ses représentations de l'avenir du monde. Enfin, plusieurs chapitres de l’ouvrage sont consacrés aux récits d’Apocalypse et de fin du monde dans les arts.

Vous soulignez la distinction importante à faire entre  «la fin du monde» et «la fin d’un monde». Cela suppose-t-il que la notion de finitude porte en elle sa dose d’espoir?

NDG: Oui. En réalité, quand on analyse en profondeur les récits de «fin du monde», on voit qu’il s’agit presque toujours d’étapes transitoires, de fins partielles. Il ne s’agit pas d’une fin absolue, mais d’un grand bouleversement qui, même s’il est terrible, laisse des survivants et la possibilité d'un «nouveau monde». La finitude du monde exprime plutôt la conscience thématisée de la fragilité de la création, une subtile oscillation entre crainte et espoir.

PH: La fragilité de notre planète a pris un caractère d’évidence plus concret à partir du moment où l’homme a pu regarder la Terre depuis l’espace. Cette vision excentrée a davantage interpellé la notion de responsabilité dans un monde désormais «fini», où l’activité humaine a des impacts mesurables sur l’environnement. Ce constat conduit à questionner les rapports entre nature et culture.

En fait, la fin du monde, à travers les âges, ne demeure-t-elle pas toujours liée, plus ou moins clairement, au résultat d’une «faute» commise par les hommes?

NDG: De nombreuses sociétés, mais cela me paraît particulièrement vrai en Occident, cherchent à désigner un coupable à la catastrophe "naturelle". Cette dernière revêt alors souvent un caractère punitif. Hier, elle était la marque de la colère divine, aujourd’hui elle illustre un autre versant de cette même peur, à savoir que les humains, à force d’enfreindre les limites et de surexploiter la terre qui les nourrit et qui les porte, n’aillent à leur perte.

PH: Sous l’effet de la médiatisation, les récits de «fin du monde» ont pris, eux aussi, une ampleur universelle, raison pour laquelle la référence aux Mayas, par exemple pour ce 21 décembre, est un repère facilement assimilable aux quatre coins du monde.

Mais la conviction de la catastrophe imminente, si liée à notre époque, mérite aussi d’être observée à l’aune de l’évolution des courants scientifiques contemporains qui, sur la base de l’étude des catastrophes qui se sont effectivement produites, ont développé de nouveaux savoirs en matière de prévision, de prévention et de protection. Les récits de la catastrophe ont alors une fonction concrète, celle de comprendre, corriger et anticiper les erreurs déjà commises pour empêcher que ne survienne la future catastrophe.

Alors, après l’avoir étudiée sous toutes ses coutures, cette fin du monde est-elle concevable pour vous autrement que comme un récit?

PH: Oui, mais pas pour le 21 décembre! Oui, puisque l’on sait que dans quelques milliards d’années, la «fin de vie» de notre soleil impliquera la fin du système solaire, mais cette fin de notre univers proche se situe dans une temporalité inimaginable pour les humains que nous sommes.

NDG: Je pense qu’il est important d’envisager la finitude, même si elle demeure très abstraite, que ce soit à l’échelle de l’individu ou d’une civilisation.

Cet article vous a été utile :
 
 
 
 
 
 
Début marge
Fin marge
Fin contenu
Début chemin de navigation
Fin chemin de navigation
Début pied de page
Fin pied de page