Côté philo: l’éducation sous l’œil des philosophes

Dernière mise à jour le 1 juin 2022

L'UER SHS de la HEP Vaud propose une série de rendez-vous pour entrer en dialogue avec quelques philosophes et penser l'éducation autrement. Martine Vonlanthen présente à chaque fois une mini-conférence suivie d'un échange avec le public sur les thématiques soulevées. Prochain rendez-vous «La paideia ou la formation de l'homme grec», le 31 mai.

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La philosophie de l’éducation cherche à interroger, à clarifier et à mettre en perspective les questions qui entourent l’acte éducatif et les valeurs qu’il sous-tend. L’œuvre d’éducation n’est jamais gratuite, elle répond à une finalité et renvoie nécessairement, ultimement, à une réflexion d’ordre philosophique. L’éducation a, de tout temps, interpellé les philosophes, et leurs questionnements rejoignent bien souvent les nôtres, ces grandes questions logées dans l’ombre de nos pratiques qui poussent à interroger le sens de nos actions: pourquoi éduque-t-on? Qu’est-ce que la connaissance? Quel est le rôle de l’école? etc.

Conférence passée

Mardi 31 mai 2022 – 17h00 à 18h30 – Aula des Cèdres, auditoire nord

«La paideia ou la formation de l'homme grec»: survol des conceptions de l'éducation dans la Grèce antique

Le Vème siècle av. l’ère commune marque l’avènement de la philosofphie et inaugure, avec la confrontation entre Socrate et les sophistes, la réflexion sur l’éducation. La société athénienne est en crise, et la paideia devient un projet politique devant permettre de restaurer l’idéal démocratique : pour les sophistes, l’homme démocratique doit convaincre et être à même de rallier ses interlocuteurs à n’importe quelle idée; pour Socrate, la démocratie n’est tenable qu’à la condition de savoir penser par soi-même. Dans les mots des sophistes, la vérité est relative, le savoir est une richesse monnayable que l’enseignant, savant, transmet à l’élève inculte; dans les mots de Socrate, la vérité est à chercher en soi-même, l’élève est lourd de savoir et la sagesse du pédagogue réside dans son ignorance. Deux postures différentes, qui amènent à s’interroger sur la relation de l’école à la démocratie, sur le lieu du savoir et sur la manière dont on regarde nos élèves.

Lundi 2 mai 2022 – 12h00 à 13h30 – Cour 33, salle 519

L'égalité des chances selon John Rawls

L’égalité est un dogme central des sociétés démocratiques, et c’est peut-être l’exigence la plus difficile à réaliser. Au XVIIIème siècle, Condorcet, le penseur de l’école républicaine, considérait déjà que c’est par une instruction commune à tout citoyen que l’égalité sociale pouvait être mise en œuvre. Mais trois siècles plus tard, le constat semble inversé : les inégalités vont grandissantes, et le système scolaire ne parvient pas à les atténuer, et même, il les renforcerait. 
John Rawls, philosophe américain le plus lu et commenté du XXème siècle, affirme avec Condorcet que c’est aux institutions sociales, et en première ligne à l’école, de rendre la société juste. Mais la justice, pour le philosophe, ne va pas forcément de pair avec l’égalité : une société peut être juste tout en étant inégale, et même plus, une société, pour être juste, doit être inégale, mais à la condition suivante : l’inégalité ne peut être justifiée que si elle est au bénéfice des moins bien lotis.

Lundi 28 mars 2022 – 17h00 à 18h30 – Aula des Cèdres, auditoire nord

Qu'est-ce que la science?: Karl Popper et le critère de réfutabilité

Qu’est-ce que la science? C’est cette question qui, la première, se trouve au cœur de la philosophie de Karl Popper. Réagissant à l’émergence de nouvelles disciplines telles que la psychanalyse qui le fascine, Karl Popper cherche à définir ce qu’est la démarche scientifique en la distinguant de ce qu’il appelle les pseudo-sciences. Par son critère de la falsifiabilité, Karl Popper renverse la compréhension traditionnelle selon laquelle le savoir scientifique se construit par induction et ce faisant, ouvre la voie à une nouvelle réflexion philosophique qui fait de la science un processus asymptotique et refuse que la vérité puisse être atteinte de manière définitive. À notre époque où le complotisme et les fausses théories scientifiques foisonnent, la pensée de Karl Popper est incontournable.

Lundi 21 février 2022 – 17h00 à 18h30 – Aula des Cèdres, auditoire nord

Introduire au monde: l’éducation selon Hannah Arendt

«Pourquoi le petit John ne sait-il pas lire?» À cette question, Hannah Arendt (1906 – 1975) aurait certainement répondu que c’est la faute… de John Dewey. Dans La Crise de la Culture, la philosophe et sociologue allemande dresse le constat éclatant d’une éducation défaillante (celle des États-Unis du début du XX^ème siècle). Avec une plume tranchante et parfois caustique, elle montre la responsabilité des pédagogies pragmatistes et les dérives qu’elles ont générées, et mène une réflexion philosophique percutante sur la finalité que doit poursuivre l’éducation: «introduire au monde».

Par ses mots, la notion de culture reprend du sens: dans un monde moderne qui cherche à s’affranchir du passé en revendiquant pouvoir tout réinventer ex nihilo, la lecture d’Arendt est indispensable et soulève les enjeux majeurs des réflexions actuelles en matière d’éducation.

Octobre 2021: Motiver à l’apprentissage: introduction à la philosophie de John Dewey

Le point de départ doit toujours être l’élève, le savoir se fait plutôt qu’il ne s’apprend, l’enseignant doit être accompagnant et non plus maître à penser, l’école est ennuyeuse alors qu’elle devrait donner le goût du monde… Ces idées sont au cœur de la pédagogie de John Dewey (1859 – 1952), et elles ébranlent les modèles traditionnels pour viser une éducation qui mimerait le monde qui l’entoure plutôt qu’une école raidie par l’écart qui l’en sépare. Adulée ou combattue, la pensée de John Dewey ne laisse aucun éducateur indifférent, d’abord parce qu’elle entraîne dans son sillon des enjeux philosophiques essentiels – nature de l’enfant, finalité de l’éducation, politique et école -, mais aussi parce que ses idées secouent nos salles de classes d’une manière incroyablement concrète.