Réfugiés d’hier, migrants d’aujourd’hui: À quoi sert la parole des témoins?

Dernière mise à jour le 7 juin 2022

Le 20 juin, pour la Journée des réfugiés, l'UER SHS reçoit cinq invités exceptionnels lors d'une manifestation publique: deux des ultimes témoins suisses de la Shoah, Eva Koralnik et Vera Rottenberg, une reporter de guerre en Libye et en Ukraine, Maurine Mercier, un responsable formations de l'OSAR, Andres Guarin, et un historien, le prof. Claude Hauser, interrogeront le sens et l'impact de la parole des témoins dans la tragédie des personnes déplacées.

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Parce que la Journée de la mémoire n’a pu se dérouler comme prévu le 27 janvier dernier en raison de la pandémie, la HEP Vaud a décidé de l’associer à la Journée mondiale des réfugiés qui aura lieu le 20 juin. À cette occasion, l’Unité d’enseignement et de recherche Didactiques des sciences humaines et sociales propose au public une rencontre exceptionnelle le 20 juin dès 18h, avec Eva Koralnik et Vera Rottenberg, deux des ultimes témoins suisses de la Shoah, Maurine Mercier, reporter de guerre en Libye et en Ukraine, le prof. Claude Hauser, historien, et Andres Guarin, responsable formations pour la Suisse romande, à l'Office suisse d'aide aux réfugiés (OSAR). Le prof. Guillaume Roduit, didacticien du droit et modérateur, animera la table ronde: «À quoi sert la parole des témoins?»

Plus de 100 millions de personnes déplacées,
un triste record

Jamais dans l’histoire de l’humanité il n’y a eu autant d’êtres humains fuyant leur foyer, voire leur pays: le monde compte aujourd’hui plus de 100 millions de personnes déplacées. Elles vivent des expériences inconcevables, se retrouvent dans des situations précaires, ignorent quel sera leur avenir. Fuir a également été l’une des seules possibilités pour celles et ceux qui ont survécu au projet d’extermination nazi. Avec la disparition des derniers témoins, il ne restera bientôt plus personne pour transmettre l’expérience vécue et tangible de la Shoah.

Rendre vie et visages est pourtant essentiel à la compréhension de l’histoire et à la construction de l’identité citoyenne. C’est pourquoi l’application «Fuir la Shoah. Ma rencontre avec des témoins» propose aux jeunes, dès l’âge de 14 ans, d’accéder à des ressources historiques uniques grâce à un support numérique basé sur des témoignages filmés et des documents authentiques.

Mise en ligne en pleine crise sanitaire, l’App est progressivement utilisée dans les classes de Suisse romande. L’App et le site web, fuir-la-shoah.ch seront officiellement inaugurés, ce 20 juin, lors de la manifestation qui réunira ses invités et le public autour d’un thème demeurant, hélas, brûlant d’actualité: «Réfugiés d’hier, migrants d’aujourd’hui: À quoi sert la parole des témoins? «Nous saisissons l’occasion de la Journée de la mémoire 2022 pour inaugurer officiellement son lancement et la présenter au public dans le cadre de cette soirée-discussion», précise la prof. HEP Nadine Fink.

Nos cinq invitées et invités en quelques mots

Eva Koralnik Rottenberg est née en 1936 à Budapest. Avec sa mère et sa sœur Vera, elle fuit la Hongrie en octobre 1944 au terme d’un périple sous haute tension. La famille trouve refuge dans notre pays grâce à l’aide de Harald Feller, premier secrétaire à la légation suisse à Budapest, qui sera élevé plus tard au statut de «Juste». Eva épouse le cinéaste Pierre Koralnik en 1970 et consacre sa vie professionnelle à l’univers du livre à la tête de l’agence littéraire Liepman à Zurich.

Vera Rottenberg Liatowitsch est née en août 1944 à Budapest. Âgée de seulement six semaines, elle fuit la Hongrie avec sa mère et sa sœur Eva. Après une enfance à Saint-Gall, elle étudie le droit à l’université de Zurich où elle obtient sa licence, puis son doctorat, et accède au brevet d’avocat. En 1994, elle est élue juge au Tribunal fédéral de Lausanne où elle siégera durant 18 années. Docteur Honoris Causa de l’Université de Zurich, elle est également active au sein du conseil de la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme (GRA).

Claude Hauser est professeur ordinaire d’histoire contemporaine à l’Université de Fribourg. Fondateur et co-directeur du Centre suisse d’études sur le Québec et la Francophonie, doyen de la Faculté des Sciences historiques d’UniDIstance, il travaille également sur l’histoire politique et sociale de la Suisse, en particulier entre 1939 et 1945. Il donne actuellement un cours aux étudiants en bachelor sur le thème: Rapport Bergier, An 20: Quelle histoire pour la Suisse face au Second Conflit mondial?

Maurine Mercier est journaliste freelance, reporter de guerre, correspondante pour la RTS et plusieurs médias francophones en Europe, au Canada et au Maghreb. Établie à Tunis depuis 2016, elle couvre notamment les conflits libyens, les tragédies migratoires qui se jouent en Méditerranée et actuellement, la guerre en Ukraine. Elle a déjà reçu plusieurs prix prestigieux, suisses et internationaux, pour son travail exemplaire sur le terrain qui donne à entendre la voix des plus faibles, de celles et ceux qui souffrent.

Andres Guarin est sociologue et démographe. Il est spécialiste de la migration, de la deuxième génération, de l’intégration, des parcours de vie et de la transition à l’âge adulte. Il rejoint l’OSAR en 2015 en tant que co-responsable formations pour la Suisse romande, pour conceptualiser et animer des formations destinées à des adultes bénévoles ou professionnels dans les domaines de la fonction publique, de la sécurité, du social, de la santé, de l’enseignement ou de la formation, et des ateliers de sensibilisation pour les adolescents.

Programme

18h00: Mot d’ouverture par l’Office suisse d’aide aux réfugiés (OSAR)
18h10: Présentation de l’application numérique «Fuir la Shoah» par Nadine Fink et Nathalie Masungi, HEP Vaud
18h25: Témoignage, suivi d’une rencontre-discussion avec Eva Koralnik, l’une des cinq témoins dans «Fuir la Shoah».
19h15: Table ronde: A quoi sert la parole des témoins? Claude Hauser, Vera Rottenberg, Maurine Mercier et Andres Guarin. Modérateur: Guillaume Roduit, HEP Vaud
20h00: Apéritif à La Parenthèse