Arrivée des médias dans les curriculums du postobligatoire: quel impact sur la discipline français?

Dernière mise à jour le 3 juillet 2018

Anne Monnier est chargée d'enseignement en didactique du français pour les maîtres en formation du secondaire et dans l'Unité de formation "profession enseignante" dans le cadre de la formation des maîtres en formation du secondaire, à l'Université de Genève.

Cette contribution s’intéresse aux conséquences de l’introduction des médias, dès les années 70, sur les programmes de français du secondaire postobligatoire à Genève. Plus précisément, elle tente de mettre en lumière l’impact des nouvelles technologies sur les contenus, démarches, exercices, objectifs et finalités de la discipline français, à l’aide des questions de recherche suivantes:

• Quels sont les déplacements ou les modifications provoqués par l’introduction des médias en français, en particulier par rapport à l’enseignement de la littérature et de l’oral?
• Les technologies nouvelles entrainent-elles de nouvelles démarches et de nouveaux exercices?
• Dans quelle mesure cette arrivée redéfinit-elle plus largement la culture scolaire?
• Enfin, de quelle manière les pratiques scolaires qui s’installent dès les années 70 en français sont-elles remises en cause aujourd’hui avec l’entrée en scène de nouveaux médias? Et comment ces derniers reconfigurent-ils à leur tour la discipline français?

Croiser une approche institutionnelle et une approche disciplinaire

Pour répondre à ces questions, nous recueillons différentes sources archivistiques du canton de Genève des années 70 à aujourd’hui: plans d’études et programmes du secondaire postobligatoire, rapports de gestion du Département de l’Instruction publique, mémoriaux du Grand Conseil. L’analyse de ces différents documents se fait en croisant une approche institutionnelle avec une approche disciplinaire, ce qui permet d’envisager l’introduction des médias dans les curriculums scolaires, non de façon abstraite, mais dans des contextes bien déterminés.

Une arrivée des médias qui a débouché sur deux réactions contradictoires

Les premières analyses montrent que l’arrivée des médias dès les années 70 dans l’ensemble des écoles du postobligatoire genevois provoque deux réactions contradictoires. D’un côté, les moyens audiovisuels sont, non pas d’emblée condamnés, mais vus comme potentiellement aliénants, d’où l’importance de permettre aux élèves de développer une attitude critique vis-à-vis de ceux-ci. De l’autre, les moyens audiovisuels provoquent l’intérêt passionné d’une minorité qui sent que l’école ne peut pas ignorer cette révolution culturelle. D’où l’entrée en scène, par exemple, dans les classes de français de la télévision à la fois en tant que moyen technique au service de l’enseignement de la littérature, et en tant que sujet qui permet de travailler le débat ou le texte argumentatif.