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François Burland investit l'art à l'œuvre

Dernière mise à jour le 3 juillet 2018

C'est l'artiste François Burland qui est mis à l'honneur en décembre dans l'art à l'œuvre. Une de ses lithographies, issue d'un ensemble de sept, est exposée au 6e étage. Pour rester dans le thème, le film "Les poyas burlesques" de François Burland par Philippe Lespinasse et Fabrice Ferrari sera projeté le mardi 6 décembre.

Lithographie de François Burland, papier Rives pur chiffon, 250 gm2

Cette lithographie de François Burland évoque un univers animal fantasmagorique. Son image fait appelle à des représentations inquiétantes ou rêvées. Est-ce des caméléons, des lézards, des poux, des dragons, des singes? Est-ce qu’il s’agit d’une nouvelle constellation? D’un nouveau signe astrologique? Ses créatures sont enfermées dans le cadrage de la feuille de papier telle une cage. L’enfermement. Ses bêtes noires tournoient, se battent, vitupèrent sur un fond blanc tel le symbole du yin et du yang. La dualité et la complémentarité.

L'oeuvre de François Burland à travers les yeux de Catherine Othenin-Girard

Catherine Othenin-Girard, historienne de l’art définit le travail de l’artiste ainsi: «François Burland bâtit son oeuvre comme un monde en soi, à l'intérieur duquel circulent des symboles définis par lui seul. Il élabore un long "poème épique". Dans une mise en scène singulière, des guerriers, des monstres et autres animaux mythologiques se livrent à d'incessants combats. Le noir et le blanc dominent. Les motifs décoratifs abondent et ajoutent à la fantasmagorie des dessins. La feuille est remplie, le fond disparaît, il est comblé par toute une série de signes, d'objets et d'ornements hétéroclites. Est-ce qu'il s'agit d'une mascarade grotesque, d'un pamphlet quelconque ou d'une tragédie ?

C'est notamment par cette capacité à brouiller les pistes interprétatives que l'artiste inscrit sa démarche dans le champ artistique contemporain. Ses sources d'inspiration ne sont pas identifiables, mais invariablement, elles renvoient à des styles qui appartiennent à d'autres histoires que celle de la modernité occidentale, elles semblent relever d'une autre temporalité.
Ici, l'archétype engendre le rêve et la dimension épique nourrit le romanesque. Ses images sont des images du monde.»

Des bêtes emprisonnées dans la pierre

C’est à l’occasion de l’exposition temporaire ART+ PIERRE + FOSSILES que l’association des amis du Musée a édité 7 lithographies originales. Celle de François Burland fait partie de ce porte-folio. Les lithographies sont tirées sur velin Rives 250 gr, au format 28x38 cm, sur les presses de l'Atelier Raynald Métraux à Lausanne. Elles sont justifiées et signées par l’artiste. Ce dessin a été réalisé au crayon gras sur une pierre préparée par le lithographe. Après plusieurs manipulations d’imprégnation du dessin dans les pores de la pierre, il est encré et imprimé à plusieurs exemplaires.

François Burland propose ainsi une image réalisée dans le format de cette pierre et il répond aux impératifs techniques de ce procédé d’impression. Avant d’être enfermées dans un cadrage serré, ces bêtes ont été emprisonnées dans la pierre. L’image devient  fossile.

Ses souvenirs d'enfance, une source d'inspiration inépuisable

Pour François Burland, jeune homme sensible et rêveur, les événements de son enfance ont eu une importance similaire. Ils se font omniprésents du jour où il se décide à dessiner sur papier au crayon et à la craie. Ces souvenirs deviennent dès lors une source d'inspiration inépuisable, souvent modifiée, et ils viennent s'ajouter à d'autres influences tout en restant toujours un point de départ spirituel. De l'école, il n'a pas gardé de bons souvenirs. Rien qui l'ait rendu heureux. Il ne garde qu'une chose en mémoire: son refus, au cours de dessin, de copier des objets. On avait l'indulgence de le laisser faire. Il pouvait dessiner à loisir et suivre son imagination, on le complimentait ensuite pour son talent. Ce sont là les seuls instants de bonheur dans toute sa scolarité, les seuls qu'il n'ait pas effacés de sa mémoire. Il eut le sentiment d'avoir été trompé.

Alors grandit en lui un refus de la vie et de la société. Il sentit qu'il n'y avait qu'une possibilité de reconquérir «ce paradis artificiel», désormais perdu: par un travail de création. Mais quant à savoir quelle sorte de création – à dix-sept ans, il n'en a encore aucune idée. Pourtant, il y a une chose dont il est conscient: seule la créativité est susceptible de donner un sens à sa vie. C'était «la voix du silence» qui s'exprimait en lui. Mais le chemin à suivre pour pouvoir s'y abandonner était un véritable labyrinthe. Le directeur du Musée de l'art brut s'intéresse à lui et achète des premiers dessins. François Burland a trouvé sa voie.
Extrait de la monographie de François Burland, Erika Billeter, 2003

François Burland fait partie de la collection initiée par Michel Thévoz et nommée par Jean Dubuffet sous le nom de «Neuve invention». C’est en 1982 que Jean Dubuffet donne le nom de «Neuve Invention» à  ses  «collections annexes». La collection «Neuve Invention» regroupe un ensemble d’œuvres subversives et inventives (peintures, dessins, sculptures, créations textiles) réalisées par des artistes en porte à faux avec le milieu culturel régi par les galeries et musées. Les auteurs de «Neuve Invention» se démarquent de la création homologuée, notamment par les procédés stylistiques qu’ils mettent en œuvre, les matériaux qu’ils emploient ou leurs choix iconographiques audacieux. Leurs oeuvres sont porteuses d’un vent nouveau. La collection «Neuve Invention» est conservée à la Collection de l’Art Brut.

Contourner des systèmes de diffusion et de valorisation marchande asphyxiants

Cette nouvelle terminologie intervient à un moment où, à la fin des années soixante-dix et au début des années quatre-vingt, on assiste à une évolution de la production artistique. De plus en plus d’artistes suivant des filières de formation habituelles cherchent à contourner les systèmes de diffusion et de valorisation marchande (musées, galeries, expositions) qu’ils ressentent comme asphyxiants. «Neuve Invention» devient dès lors pour eux une nouvelle voie de diffusion de leur travail, correspondant à leur état d’esprit, leurs valeurs, leurs audaces et leur désinvolture. «Neuve Invention» est perçue comme un espace de liberté et d’inventivité dans lequel ils se reconnaissent. D’autre part, les artistes revendiquent volontiers leur position entre l’Art Brut et l’art culturel, et désirent profiter du mouvement d’ouverture de la Collection de l’Art Brut, à Lausanne.
Extrait du site de la collection de l’Art Brut

Projection du film

Projection du film «Les poyas burlesques» de François Burland
 par Philippe Lespinasse, Fabrice Ferrari, La Vaka Production, 2012, 35 minutes. Ce film est édité en DVD.

Mardi 10 décembre
13h00 – 14h00
Salle 617-C33

Description: Les vaches de F. Burland défilent sagement dans un paysage constellé de symboles et de logos. Elles encerclent des armaillis qui surfent sur leur écran, rêvent de la princesse Holstein ou partent s’amuser en ville. La créativité foisonnante de Burland conduit les troupeaux bien au-delà de leurs verts pâturages vers une critique de la société contemporaine.

Inscription: 15 billets à retirer à l’accueil jusqu’au lundi 9 décembre 2013 (2 par personne)

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