Le sujet lecteur et scripteur: entre subjectivité et multimodalité

Dernière mise à jour le 28 juin 2018

Sébastien Ouellet est professeur en didactique du français à l'Université du Québec à Rimouski (UQAR).

La désappropriation du phénomène littéraire par les élèves est régulièrement mise en évidence et constitue un défi pour l’enseignement de la littérature. En ce sens, un dispositif didactique, composé d’activités en lecture et en écriture, a été proposé lors d’une récente recherche menée au secondaire québécois. Ce dispositif est fondé sur la lecture de romans graphiques et la réalisation de bandes-annonces par les élèves. Considérant que ceux-ci mobilisent une diversité de modes sémiotiques (trames narratives, images stéréotypées, personnages caricaturaux, dialogues, trames sonores), il est possible de concevoir ce type d’élève comme un sujet multimodal en interaction avec les autres sujets de la classe et en dehors de la classe. Ainsi, on peut se demander quels sont les effets d’un tel dispositif sur les activités d’enseignement et sur l’appropriation de l’œuvre par les élèves.

Miser sur les réalisations effectives des élèves pour favoriser leur compétence langagière

Les sujets que nous avons rencontrés sont partie prenante d’une redéfinition du monde et d’une nouvelle forme d’accès à la culture. En effet, les activités réalisées en classe montrent que les élèves actuels sont engagés dans une communication globale dans laquelle chaque individu veut néanmoins marquer son individualité. L’enjeu, pour bon nombre de ces sujets, est de saisir les objets du monde pour en prendre possession et de se les approprier en fonction de leurs propres intérêts. En ce sens, l’appropriation est considérée comme un investissement personnel, une prise de possession. Notre communication montre donc également que l’enseignement littéraire doit partir de l’état actuel des élèves et miser sur leurs réalisations effectives pour favoriser leur compétence langagière. Finalement, on peut supposer que c’est la notion de littérature qui est appelée à évoluer vers une conception élargie. De cette façon, l’enseignement de la littérature devrait se montrer pertinent dans la construction de compétences globales en lecture et en écriture, ainsi que dans le développement de nouvelles valeurs essentielles telles que l’autonomie, le jugement éthique et le sens critique.