Pratiques innovantes et développement de compétences en orthographe grammaticale

Dernière mise à jour le 9 juillet 2013

Carole Fisher et Marie Nadeau travaillent respectivement au département des arts et lettres, à l'Université du Québec à Chicoutimi, et au département de didactique des langues de l'Université du Québec à Montréal.

Le développement des compétences orthographiques donne aujourd’hui lieu à deux types d’hypothèses. Selon la vision de psychologues cognitivistes, l’acquisition de plusieurs aspects de l’orthographe, dont certains accords grammaticaux, se ferait en bonne partie sur la base d’apprentissages implicites mettant en jeu la fréquence d’instances et la prévisibilité de leur association dans les textes. Du point de vue des didacticiens, par contre, la maitrise de l’orthographe d’une langue comme le français exige l’intériorisation de raisonnements grammaticaux sur la base d’apprentissages explicites et d’une exercisation appropriée qui tient compte des conceptualisations des élèves.

Des dictées innovantes expérimentées dans des classes et leurs résultats

Les pratiques traditionnelles (dictée, exercices et pari sur le transfert à l’écrit) ayant depuis longtemps montré leurs limites, diverses propositions didactiques ont été faites au cours des quinze dernières années pour améliorer l’apprentissage de l’orthographe. Les effets rapportés de ces pratiques « innovantes », qui impliquent, entre autres, la verbalisation, l’expression du doute, un traitement de l’écrit en termes de résolution de problèmes et les interactions entre pairs, apparaissent très positifs. Toutefois, leur impact sur la maitrise de l’orthographe en production de texte chez les élèves n’a pas été évalué de manière systématique. Cela nous a amené à entreprendre une recherche visant à mesurer l’impact de deux dispositifs (la dictée 0 faute et de la phrase dictée du jour) sur la compétence orthographique des élèves de divers niveaux scolaires. Dans le cadre d’une recherche-action, ces dictées innovantes ont été expérimentées dans 24 classes au cours de la première année du projet et dans 18 classes la seconde année. Les données recueillies, en octobre et en mai de chaque année, comprennent une dictée évaluative, une production écrite et l’enregistrement vidéo d’une séance de la pratique expérimentée.

Tout en confirmant les progrès réalisés dans l’ensemble des classes ayant expérimenté les pratiques, les résultats de la recherche montrent aussi de moindres progrès en rédaction comparativement à la dictée et des différences importantes d’une classe à l’autre pour un même niveau scolaire. Ces résultats seront présentés et discutés en relation avec les hypothèses relatives aux contraintes qui s’exercent sur le scripteur au plan de l’orthographe et à l’utilité des apprentissages explicites dans le développement de la compétence orthographique.