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«JTM bb, tkt»: relever les nouveaux défis pédagogiques liés à l’écrire jeune virtuel

Dernière mise à jour le 28 juin 2018

Claire Balleys est docteure en sociologie de l'Université de Fribourg.

Depuis l’avènement et la démocratisation des nouveaux outils de communication tels que les téléphones portables et les réseaux sociaux en ligne, les enseignants sont confrontés à un rapport à l’écrit inédit. Aujourd’hui, sociabilité adolescente scolaire et sociabilité adolescente médiatisée fonctionnent comme deux vases communicants. Ce qui se passe la journée à l’école est discuté le soir en ligne et ce qui est posté le soir en ligne va être commenté le lendemain matin en classe. Facebook, par exemple, n’est pas une coquille vide, mais un outil qui induit de nouveaux comportements, de nouvelles manières de se présenter aux autres, d’assumer une identité sociale et de gérer son portefeuille relationnel. Les usages adolescents de Facebook sont codifiés et répondent à des conventions que tout individu voulant s’intégrer à la sociabilité juvénile doit maîtriser. Sur Facebook, les cotes de popularité (ou d’impopularité) des élèves au sein de leur classe et de leur école, sont bien visibles.

Décodage des nouveaux usages du français et défis pédagogiques

Les pratiques d’échanges entre adolescents sur Internet nécessitent donc un travail d’apprentissage de la part des élèves. Or, les règles qui les structurent sont très éloignées du français légitime et peuvent entrer en concurrence avec l’acquisition de la langue écrite et de ses modes d’appropriation. En effet, lorsqu’ils communiquent entre eux par des outils médiatisés, les adolescents utilisent un langage qui tient davantage de l’oralité que de l’écrit. La représentation de l’acte d’écriture s’en trouve modifiée. Un langage constitué d’abréviations: «lbt, tkt, abz, 2m1» se mêle à un argot issu de la culture de rue. Ces formats de communication sont continuellement modifiés et négociés pour coller au plus près de la réalité du microcosme juvénile et servir la logique sociale qui la sous-tend: inclure ou exclure les individus du réseau, en fonction de leur statut social et du degré de prestige dont ils jouissent auprès de leurs pairs. Ils ont pour fonction de créer chez l’individu un sentiment d’appartenance au sein d’une communauté juvénile.

L’objectif de cette intervention est double: premièrement, décoder ce langage par un exercice d’immersion dans «l’écrire jeune virtuel», c’est-à-dire dans les contenus publiés sur les réseaux sociaux ou échangés dans les messages textuels. Ces exemples sont issus d’un terrain de recherche ethnographique qui observe et analyse les modes d’appropriation juvéniles de Facebook. Deuxièmement et à partir des réflexions menées en amont, nous allons apporter quelques réponses pédagogiques aux défis posés par ces nouveaux usages du français. Comment les prendre en compte dans l’enseignement, sans stigmatisation ni légitimation, comment aider les jeunes à distinguer les niveaux de langage, à les segmenter et les adapter aux différents contextes.

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