Les cartes mentales numériques dans l’écriture du commentaire littéraire: une aide ou un obstacle?

Dernière mise à jour le 14 juin 2013

Jean-Yves Bouton est formateur associé en lettres à l'IUFM d’Aquitaine – Université de Bordeaux 4, et professeur au lycée Pape-Clément, à Pessac.

Le commentaire littéraire est, dans l’enseignement secondaire français, un exercice difficile pour le sujet lecteur-scripteur, sur le plan interprétatif et sur le plan scriptural (Veck, 1988). Or les cartes mentales numériques étant des outils conçus pour faciliter la réflexion, notre hypothèse est que, introduites dans la didactique du commentaire comme formes de brouillons (Boré, 2000), elles encouragent l’interprétation des élèves et, comme artéfacts (Rabardel, 1995) favorisant la planification, améliorent leurs performances scripturales (Schneuwly, 2008).

Le commentaire littéraire, un texte polyphonique à plusieurs voix

Nous définirons d’abord le commentaire littéraire comme un texte polyphonique orchestrant plusieurs voix, celle de l’auteur et celle du lecteur-scripteur (Daunay, 2004 b), à la fois descriptif, explicatif et argumentatif et rendant compte de la lecture d’un texte littéraire actualisé par un sujet-lecteur. Ces différentes exigences entrent parfois en tension et génèrent des difficultés pour les élèves.

Ensuite, après avoir présenté les logiciels retenus, nous rendrons compte de l’utilisation que nous en avons faite afin que les élèves les instrumentalisent comme des artéfacts susceptibles de les aider dans la rédaction du commentaire. Notre protocole comprend trois expérimentations qui ont permis de comparer les commentaires produits par les élèves avec les cartes qu’ils ont réalisées à partir des textes étudiés.

Un phénomène croissant de conceptualisation

L’analyse des données tient compte de la spécificité des cartes mentales qui relèvent à la fois d’une dimension graphique (bulles, flèches, couleurs…) plus ou moins contrainte par les logiciels, d’une dimension instrumentale, puisque la carte mentale devrait aider à écrire le commentaire, artéfact didactique conçu pour la lecture interprétative d’un texte, et enfin linguistique, par les éléments  langagiers qui y sont introduits et dont nous avons caractérisé l’exploitation dans le commentaire à l’aide des outils de la génétique textuelle.

Les productions des élèves révèlent un phénomène croissant de conceptualisation, conséquence possible du dispositif didactique, d’une évolution cognitive autonome ou d’une instrumentalisation de la carte témoignant d’une automatisation de certaines tâches. Elles témoignent parallèlement du fait que les cartes mentales numériques peuvent faire obstacle aux scripteurs à processus ou générer des conflits d’artéfacts (Marquet, 2005). Ces résultats sont pour l’enseignant un moyen de mieux comprendre les processus et stratégies mis en place, donc d’améliorer la didactique du commentaire.