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Publication: Formateur d'enseignants "Le pays d'où je viens"

Dernière mise à jour le 27 juin 2018

Dans "Formateur d'enseignants, le pays d'où je viens", Eric Walther livre aux lecteurs un témoignage poignant de son expérience d'enseignant. Interview.

Eric Walther, Professeur formateur à la HEP Vaud, publie le premier ouvrage d'une série de quatre. "Formateur d'enseignants, le pays d'où je viens" raconte, dans des récits vivants, des pans de son expérience d'enseignant au sein du monde scolaire. Il répond aux questions de l'Unité Communication.

Dans votre livre, vous avez pris le parti pris de dire "je" et de privilégier les récits de votre pratique plutôt que l'exploration du champ théorique? Expliquez-nous les raisons de ce choix.

J’ai choisi le récit parce que lui seul peut rendre compte d’une spécificité de l’enseignement (comme des autres professions de l’humain): la singularité et la complexité de toute situation professionnelle. Chaque élève est unique et, en tant qu’enseignant, je suis unique. Il n’y a donc aucun livre théorique qui évoque ce qui va se passer au moment où j’entre en contact avec une classe. Quelque chose d’unique naît dans la relation qui se crée: l’élève découvre ce qu’on attend de lui, réussit un apprentissage, parfois retrouve un nouveau courage. C’est cette facette de la profession qui me fascine.

Mais j’aimerais être clair: en choisissant ce registre d’écriture, je ne me positionne pas contre la théorie. Mes compétences professionnelles ont été enrichies par mon parcours universitaire. Par ces récits, je veux simplement rappeler un ancrage professionnel dont je suis fier et souligner ce qu’il peut apporter de spécifique dans le cadre de la formation. Le «savoir de la pratique» que je défends est d’ailleurs souvent le résultat d’une confrontation féconde entre un événement vécu en classe et une théorie (scientifique ou philosophique).

Dans votre vie à l'école que raconte ce premier tome, parlez-nous d'une anecdote ou d'un souvenir qui a fait évoluer profondément votre regard sur cette profession ?

C’est le jour où j’ai compris que l’école ne pourrait échapper – malgré les réformes – à sa mission implicite de sélection sociale. Si les enseignants n’y sont pas attentifs, des enfants peuvent passer des semaines, voire des années à l’école, sans recevoir de rétroactions positives sur leur travail. Et pourtant, ils sont obligés d’être là. Peu d’adultes résisteraient dans de telles conditions.

C’est la découverte que des enfants de saisonniers vivaient cachés («enfants de l’ombre» comme on les a appelés). J’ai un grand respect pour les politiciens qui ont décidé de transgresser la loi et de leur ouvrir les portes de l’école.

Quel est à votre avis le défi le plus grand du formateur d'enseignants aujourd'hui, et les caractéristiques de ce défi ont-elles changé au cours de ces vingt dernières années ?

J’en proposerai deux, une qui illustre le changement  et une autre ce qui traverse l’histoire:

a) Défendre avec force l’idée que la connaissance doit être promue et valorisée en tant que bien commun pour tous et non comme produit de consommation dont la valeur dépendrait de la demande. Et, dans le prolongement de ce positionnement, refuser de considérer les étudiants comme «clients de la HEP». Ils méritent mieux que cela.

b)  Garder sur son bureau deux questions chères aux philosophes:  a) «C’est quoi «vivre» ? b) «C’est quoi «être Homme»? Si on ne veut pas ou on ne peut pas se confronter à ces deux questions, il ne faut pas s’engager dans le champ de l’éducation, quelle que soit la place que l’on occupe dans l’organisation de l’école. Or je constate que des projets, toujours plus nombreux et que l’on imagine être importants, nous éloignent de ces questions essentielles.

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