HEP VAUD
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Drôles d'oiseaux: les mots des artistes

Dernière mise à jour le 2 juillet 2018

Delphine Passaquay, alias Dahflo, et Kevin Cantoni, alias Karvo, dont vous avez déjà pu admirer les fresques murales en face des ascenseurs au bâtiment C33 (niveaux 3, 4 et 5), exposent ensemble du 9 avril au 4 mai, à l’Espace Points de suspension, à la HEP Vaud. Sous des styles différents, les deux artistes explorent le même sujet: le regard artistique quant à la notion de perceptions, plus largement du rapport de l’homme à sa réalité.

Avant toute chose, pouvez-vous, respectivement, vous présenter?

D: Pour ma part, j’ai fait des études d’architecture à l’EPFL que j’ai terminées en 2016. Le dessin a toujours été présent dans ma vie, et, en terminant mes études je ne souhaitais pas directement travailler en bureau d’architecture, raison pour laquelle je me suis mise à mon compte depuis un peu plus d’un an, en tant qu’illustratrice. Je fais également de la peinture murale, cette discipline m’est venue avec la pratique du spray dans un contexte d’art urbain, manière de combiner l’art avec une approche d’architecte. Je tends d’ailleurs à me spécialiser dans ce domaine.

K: En ce qui me concerne, je possède une formation de graphiste. Je suis aujourd’hui aussi indépendant, mais je travaille également à temps partiel en tant que serveur, ce qui m’apporte un équilibre, dans le sens où ça permet de ne pas être toujours seul avec ses pensées, de rencontrer des gens et d’avoir une certaine forme de structure.
J’ai toujours dessiné, mais à l’origine je travaillais plus sur un style bande dessinée. Il y a environ trois ans, j’ai traversé une période un peu difficile, et le dessin m’a permis de remonter la pente. Je me suis servi du dessin hyperréaliste pour canaliser ma concentration et me pousser dans mes retranchements, afin de savoir ce que je valais. Aujourd’hui je travaille plus sur la vanité, à savoir tout ce qui touche aux thématiques du temps et de la mort, car ce sont des questionnements qui ont toujours été présents dans ma vie. Je ne possède pas les réponses définitives, de plus elles évoluent avec le temps. Donc pour moi, dessiner fait plus partie d’une philosophie de vie que de simples exercices.

Comment vous êtes-vous rencontrés et en êtes-vous venus à travailler ensemble?

K: J’ai rencontré Delphine en 2014, on fréquentait alors les milieux du street art, on a graffé ensemble, et on se motivait tout le temps l’un l’autre. Ce fut d’ailleurs assez exutoire pour nous de pouvoir lâcher prise et expérimenter plein de choses en ayant un retour dans le regard de l’autre. Je dirais que ce qui nous a rapprochés, c’est qu’on s’est vite rendu compte qu’on était plus ou moins pareils, au niveau du caractère, dans nos méthodes de réflexion, mais aussi spirituellement.

D: C’est vrai que c’est extrêmement dur d’être seul dans sa tête et dans ses œuvres, et le fait d’être à deux, ça nous a permis de beaucoup avancer, notamment grâce à ces retours, chacun dans son style. Ce sont ces interactions entre nous qui nous permettent de progresser et d’avancer.

K: J’ajouterais que, le fait que, l’un comme l’autre, nous avons fait des études qui mêlaient art et technique, dans lesquelles on remet constamment en question notre travail et nous même, et qui, au final, font qu’on ne sait plus rien, qu’il n’y a plus rien de tangible sur quoi s’appuyer. Le dessin a donc été aussi pour nous, ensemble, une façon de reprendre confiance en ce que nous faisons, et de retrouver ainsi l’envie de créer.

D : On ne travaille pas de la même manière, mais on est tous les deux fascinés par les portraits et ce qui s’en dégage. Pour ma part, je suis particulièrement inspirée par les émotions et ce qu’elles véhiculent. Je dirais que nos modes d’expressions sont différents, mais nos questionnements sont communs.

Vous allez donc exposer ensemble dès début avril à la HEP Vaud, que pouvez-vous nous dire sur cette exposition? Que peut-on s’attendre à y trouver?

K : La base de notre travail pour cette exposition, ce sont des portraits de gens qui nous ont marqués et inspirés. Ensuite chacun travaille à sa manière, de mon côté je travaille des dessins hyperréalistes d’oiseaux en particulier, mêlés à ces portraits humains. L’idée étant d’explorer notre rapport, à nous humains, face à la nature. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que nous montons cette exposition ici, à la HEP Vaud, car ce campus se situe dans un écrin de nature, avec tous ces oiseaux, au cœur de la ville, ce qui fait écho à notre travail. De plus, c’est un lieu exceptionnel. L’idée, dans ce cadre, est de pousser la réflexion sur ce qu’est un individu, et comment il évolue dans un espace avec d’autres individus. L’utilisation de l’oiseau et de tout ce qu’il véhicule nous semblait donc propice.

D: L’idée est de coucher le résultat de nos réflexions. Nous proposons une série évolutive, qui contient une recherche narrative et graphique pour chaque portrait. Pour ma part, je travaille beaucoup avec des lignes abstraites, mais qui se mêlent au figuratif du portrait. Cela me sert d’outil de narration, j’appelle cela les lineworks. Les traits dynamiques ainsi générés s’inspirent de personnalités...disons considérées marginales, selon moi exubérantes et expressives, à l’image de notre intérieur. Et en ce sens chaque portrait va un peu plus loin dans la démarche et le figuratif et l’abstrait finissent par s’entremêler.

K: J’ajouterais que le choix des personnes pour les portraits sont des prétextes, car au fond ce qui importe c’est ce que l’on partage tous, en tant qu’êtres humains : on a tous un ego, des angoisses, des pensées parfois contradictoires. C’est finalement le respect de la différence et l’état de conscience qui nous aide à trouver notre propre équilibre. Pour nous c’était une façon d’alléger l’environnement des gens qui travaillent dans ce lieu, car au quotidien on s’enferme un peu dans une forme de routine, parfois négative, et le fait de voir, à travers l’art, que l’on n’est pas seul dans ses tourments et de pouvoir prendre de la distance avec tout ça permet de se recentrer et d’être présent.

Encore un mot sur le titre de l’exposition: «Drôles d’oiseaux», pourquoi?

D: Parce que les oiseaux font évidemment référence à une partie du travail que vous retrouverez sur les œuvres, mais surtout parce que les drôles d’oiseaux ce sont les gens sur les portraits, mais c’est aussi nous, et vous. On est tous un peu étranges, chacun à sa manière, et au final, ce n’est pas un problème.

Rendez-vous le 11 avril à 18h30, à l’espace Parenthèse de la HEP Vaud, pour le vernissage de l’exposition Drôles d’oiseaux

Propos recueillis par Mehdi Mokdad

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